Bonjour,
Tout d’abord, je vous souhaite à toutes & à tous une bonne et heureuse année 2017, en espérant qu’elle soit meilleure que 2016 et ce, à tout point de vue. Attardons-nous un instant sur le climat de cette année et tentons de voir quels sont les indices qui tendraient à montrer que cette fois-ci, le changement climatique est véritablement amorcé.
Il est toujours difficile de sensibiliser les gens au changement climatique sans déformer la réalité en mettant le moindre changement de météo sur son dos. Des événements extrêmes arriveront toujours localement, avec ou sans « réchauffement climatique ». Néanmoins, lorsque l’on regarde les tendances générales à l’échelle mondiale de ces dernières années il faut se rendre à l’évidence : 1) rien n’est lié au hasard de la météo mais bien aux changements globaux et 2) ce n’est pas naturel mais bien de la faute de l’homme.
- Figure 1 – Anomalies de températures en 2016. Le changement climatique est un phénomène complexe qui peut entraîner un rafraîchissement par endroit (en bleu) ou un réchauffement (jaune jusqu’à noir). Source : NCEP-NCAR
L’année dernière, j’avais déjà publié un article intitulé « un rapide topo des preuves et conséquences du changement climatique » à la suite du mois de Décembre 2015, particulièrement chaud. Durant cet article, nous avons vu que 2015 était l’année la plus chaude jamais enregistrée avec +1,3°C en comparaison des températures pré-industrielles, et en quoi cela était dangereux pour la planète et surtout, pour nous. Néanmoins, 2015 était aussi une année sous l’emprise du phénomène climatique El Niño particulièrement puissant (si ce n’est le plus important jamais observé) qui a la réputation de chambouler un peu le climat. Un an plus tard, aujourd’hui, ce phénomène et ses conséquences sont terminés, mais au niveau climatique, où en sommes-nous ?
Températures
Faisons tout d’abord un petit topo sur les températures. Lors de l’article que j’avais écrit l’an passé, concernant le bilan de l’année 2015, nous avions commenté les figures ci-dessous, montrant que 2015 était l’année la plus chaude jamais enregistrée, et de loin, peu importe la référence.
- Figure 2 – Écart de température annuelle en 2015 par rapport à la période 1981-2010. Source : JMA
- Figure 3 – Écart de température annuelle par rapport à l’ère pré-industrielle (1880-1899). Source : NASA-GISS
La COP21 qui a eu lieu l’année dernière prévoyait de limiter le réchauffement climatique en-dessous des +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, nous en étions déjà à +1,32°C. Les résultats viennent de tomber concernant l’année 2016, et deveniez quoi, c’est encore pire ! C’est comme si le phénomène s’emballait, et il y a de quoi s’inquiéter.
- Figure 4 – Écart de température annuelle en 2016 par rapport à la période 1981-2010. Source : NCEP-NCAR.
L’année 2016 figure en tête de liste, et de loin sachant que l’écart est presque 2 fois plus important que la troisième place du podium ! Durant l’année 2016, les mois de Janvier à Septembre ont été les mois les plus chauds jamais enregistrés depuis 1880 et ceux d’Octobre à Décembre ont été les seconds, après ceux de 2015. Cela signifie que d’Octobre 2015 à Septembre 2016, nous avons historiquement battu tous les records de chaleurs jamais enregistré (donc 12 fois de suite), puis de Septembre 2016 à aujourd’hui, nous les avons secondé. Nous regardons ici les températures sur l’ensemble de la planète et pas seulement en France ou en Europe. Ces chiffres sont une preuve solide des changements globaux et donc du réchauffement.
Les pôles vont mal, et nous aussi
Ces températures anormalement chaudes ont d’autres conséquences. Il est scientifiquement prouvé que le réchauffement climatique affecte (et affectera) plus violemment les régions polaires et montagneuses. Nous pouvons déjà observer ce phénomène en Arctique, la calotte polaire de l’hémisphère Nord. Durant l’hiver 2016, la température a été en moyenne 2 à 3°C plus élevée que la période de référence (1961-1990) et des écarts de +8°C voire +11°C ont été enregistré en moyenne mensuel ! De même cet automne, les anomalies étaient autours de +6 à +8°C en moyenne avec des records journaliers autours de +14°C. C’est comme s’il faisait en ce moment une vingtaine de degrés au Nord de la France.
- Figure 5 – Surface de glace moyenne en Arctique au mois de Novembre.
- Figure 6 – Surface de glace moyenne en Antarctique cette fois, toujours au mois de Novembre.
Ces températures incroyablement chaudes sur toute la planète ont des conséquences direct sur la fonte des glaciers. Comme vous pouvez le constater, l’Antarctique (pôle sud) va mal. Ces dernières années, et plus particulièrement ces derniers jours, une faille gigantesque s’est creusée dans un glacier qui devrait, à tout moment, céder et créer un des plus gros Iceberg jamais observé. Et quand je dis gros, il fera environ les 2/3 de la taille de la Corse, soit plus de 5 000km². Son détachement de l’Antarctique et ses conséquences auront pour effet d’élever le niveau de la mer de 10cm très rapidement, soit environ 2 fois plus que l’augmentation de ces 20 dernières années (6cm) ! Du côté de l’Arctique (pôle Nord), les températures chaudes ont entraîné une fonte record de la glace et une des plus faible reconstruction de la glace à l’automne 2016. En gros, ce qui a fondu ne s’est pas ou peu reformé.
- Figure 7 – L’immense fracture de la glace en Antarctique. Elle atteint aujourd’hui une longueur de plus de 100km. Source NASA
- Figure 8 – Progression de la fracture de la glace ces dernières années. Nous voyons clairement que le phénomène s’accélère. Source : MIDAS project
Mais pourquoi est-ce si important de garder de la glace au niveau des pôles de la planète ? Tout d’abord, et vous en avez probablement entendu parlé, la fonte des glaces va entraîner une augmentation du niveau de la mer d’environ 1m d’ici à la fin du siècle noyant potentiellement des centaines de millions d’habitants (en Asie notamment) qu’il faudra reloger. Mais ce n’est pas tout, la glace, très froide et très blanche, agit comme un bouclier contre le réchauffement climatique en revoyant la chaleur du soleil, c’est le principe d’Albédo. En disparaissant, elle est remplacée par des étendues d’eau bleu foncé qui, au contraire, absorbe la chaleur et favorise un réchauffement ambiant. En effet, si vous disposer deux cailloux en plein soleil, l’un blanc, l’autre noir, vous verrez que le caillou noir chauffe très rapidement. Cela accélère donc d’autant plus la fonte de la glace, ce qui baisse l’albédo, ce qui favorise le réchauffement etc. C’est un véritable cercle vicieux !
Cette vidéo vous permet de vous rendre compte de la vitesse à laquelle les glaciers du Groenland sont en train de fondre, et c’est terrifiant.
Une autre conséquence : la sécheresse
Le changement climatique ne va pas uniquement augmenter les températures moyennes sur toute la surface du globe, il va aussi changer les régimes de précipitations. Malheureusement, le système climatique étant très complexe, les scientifiques ont encore du mal à comprendre exactement comment et dans quelles mesures ils vont changer. En revanche un point semble vérifié : il y aura plus d’événement « catastrophique » à savoir des pluies diluviennes ou des sécheresses prolongées, notamment dans les milieux déjà aride ou en voie de désertification.
Au cœur de l’Altiplano bolivien, les habitants de la ville de La Paz se sont par exemple retrouvé sans eau en Novembre 2016, ce qui a poussé le gouvernement a déclarer un état d’urgence sécheresse (toujours en vigueur en Janvier 2017) et à limiter la disponibilité en eau pour ses habitants à quelques jours par semaines puis quelques heures uniquement ! La ville de La Paz/El Alto regroupe tout de même 2,5 millions d’habitants et s’étend sur une surface faisant 11 fois la taille de la ville de Lyon ! La cause de ce manque d’eau ? Il ne pleut plus ou de plus en plus tard dans la saison des pluies ce qui a complètement asséché les réserves d’eau. De plus, les glaciers qui fournissaient de l’eau pendant la saison sèche ont quasiment disparu.
Mais il n’y a pas que dans des contrées exotiques que le changement climatique se fait sentir. En France, la majorité des régions ont vécu le mois de Décembre le plus sec et le plus ensoleillé depuis le début des relevés. C’est notamment le cas en Savoie où il n’est pas tombé une seule goutte de pluie (et de neige, une première) et qu’il a fait grand soleil 30 jours sur 31, le précédent record étant en 2015 avec environ 25 jours d’ensoleillement (source : météo France).
Quid du futur ?
Alors que nous étions dans la bonne voie avec le franc succès de la COP21 et notamment le développement des énergies renouvelables dans les pays nordiques ou en Inde, l’investiture d’un climatosceptique à la tête de la plus grande puissance mondiale pose un sérieux problème. En effet, les objectifs de la COP21, à savoir rester sous la barre des +2°C d’ici à 2100 (ça paraît mal engagé mais soit), ne sont réalisables que si tous les pays s’accordent pour baisser leurs émissions de CO2 (et donc perdre de l’argent). Si un des pays les plus importants refusent de jouer le jeux, les autres ne s’y risqueront pas !
J’espère ne pas avoir à réécrire un article comme celui-ci l’année prochaine, en effet, l’année 2017 devrait être un peu moins chaude et alarmante que les deux précédentes car nous entrons dans un phénomène La Niña qui refroidit généralement le climat planétaire. Enfin, si vous voulez faire quelque chose à votre échelle, n’oubliez pas que cette année, nous votons ! Alors tâchez de vous renseigner sur les programmes d’écologie des différents candidats.

Figure 9 – Glacier des Evettes en Septembre 2016
- Figure 10 – Glacier des Evettes en 1928. Il a reculé de plusieurs centaines de mètre (source : decidela.net)
Enjoy !
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